lundi 17 mars 2008

[Thèse] De la composition de l’arnaque

J’aurais également pu appeler cette propa « Pourquoi est-ce que j’ai envie de fajitas quand j’entends Twist and Shout ? » ou alors « L’art de la musique pour pécho », mais c’est trop long et moins classe.

Vous savez tous que la musique que nous entendons (subissons ?) à la radio est une soupe sans fin, précalculée pour plaire à nos oreilles, et ce dans le but immonde de nous faire écouter les pubs ou de vendre du cd à la brouette. Simplement, toute cette élaboration est très subtile, et même extrêmement technique. De plus, les recettes employées sont également utilisées par de nombreux groupes de Rock Indépendant dans l’espoir de passer un jour dans les merveilleuses cases du Mouv’ (ah les fourbes !).

Pour cette étude, nous allons prendre le cas du groupe Saybia, fier groupe danois qui a la prétention de ne pas faire de métal familial à l’instar de ses collègues nordiques.

Ils sont beaux non ? Ouais je sais… Si toi aussi tu veux pécho en composant un titre bien love, lis attentivement ce qui suit…

Bref, ce groupe débonnaire a eu l’immense idée de sortir en 2002 le titre « The day after tomorrow », sur l’album The Second You Sleep. Jusqu’ici tout va bien. Vous pouvez l’écouter ici : http://www.youtube.com/watch?v=tJWNGrXNDFE

Je me passerai de faire des commentaires sur le clip en lui-même, pour mieux m’attacher à l’analyse approfondie de ce titre (en fait j’ai rien compris au clip, j’ai beau étudier les images animées, le ciné tout ça, si quelqu’un peut m’expliquer, je suis preneur).

Tout d’abord, pour faire un bon titre pour pécho, et aussi passer à la radio, il faut impérativement parler d’Amour. Oui, c’est lourd, mais sinon l’ado qui écoute ça dans sa chambre ne pourra en aucun cas démarrer un processus d’identification avec ses déboires amoureux. Si possible, parlez d’Amour, mais ayez l’air de souffrir. Traduction d’un passage du refrain : « Je suis perdu dans tes flammes, ça brûle comme le soleil. Et je cris ton nom dès que tu es partie ». Saybia maîtrise à fond les poèmes écrits au collège.

Les paroles, c’est facile, mais pour bien cadrer tout ça, il est important d’avoir au préalable une structure musicale dans laquelle vous pourrez facilement insérer vos textes. Et c’est là que ça se gâte. « Je sais pas écrire de musique, j’ai pas d’talent !» Ce n’est pas grave ! Saybia n’a pas de talent non plus, ce sont juste d’excellents ouvriers qui ont parfaitement compris la démarche à suivre. Pour bien comprendre, il est important de se représenter la musique sur deux axes : horizontale (structure du morceau, déroulement de la mélodie, couplets, refrains) et verticale (choix des instruments, arrangements). Commençons par cette dernière. Vous êtes un groupe de rock (ou du moins le prétendez) alors il vous faut une structure des plus classiques, et en même temps complète pour jouer l ‘amplitude du morceau. Ici, nous aurons trois guitares (très important), une basse, une batterie et un clavier (lui aussi très important). Ce qui fait tout l’intérêt d’une musique pour pécho, c’est la façon dont vous allez agencez ces instruments (les arrangements), et là, c’est imparable, il vous faut une guitare acoustique, ne serait-ce que pour entendre le bruit des doigts frottent sur les cordes lorsque l’on change d’accord (ça fait plus sensible), et ce dès l’introduction, afin de capter directement l’attention de votre public. Les claviers serviront de faire-valoir, un peu comme une laque pour faire briller le bois. La basse fera tout le temps la même chose, et la batterie fera badaboum afin d’obtenir le cachet rock (genre on est un peu durs, on frappe aussi).

Tout cela étant fait, passons à l’horizontale (on est pas là pour être mignons).Vous ne savez pas composer de mélodie ? C’est pas grave ! Il existe un outil formidable tout droit sorti du jazz que l’on appelle « l’Anatole ». L’Anatole, c’est le grand pote des guitaristes, ça leur permet d’enchaîner une suite d’accords préétablis, dans n’importe quel ordre, et ce, de manière à ce que l’ensemble reste toujours harmonieux à l’oreille. Suffit de taper là-dedans et c’est bon (à votre avis, pourquoi Wonderwall et Boulevard of Broken Dreams se ressemblent autant…d’où le premier sous-titre de la propa). Ça c’est fait, ensuite intéressons nous de plus près à la structure du morceau, dans sa durée. Pour un titre qui doit passer à la radio, il est très important de laisser des parties instrumentales en début et fin de morceau pour que l’animateur puisse blablater tout en laissant le titre tourner (ça comble les vides). Évitez les fade-out en fin de morceau, car ils ne savent jamais comment couper.

Bref, pour en revenir à l’introduction, dans le cas de Saybia, c’est encore une fois parfait, 20 secondes d’instru. Ils commencent par une sonorité un peu ambiante, avec un rythme de batterie lo-fi (ça fait plus élaboré), puis ils commencent directement avec la mélodie principale, que l’on retrouvera au refrain (les Corrs ont également très bien compris ce principe). Ensuite, c’est carré, deux couplets, puis refrain. Très important, ils laissent un temps de latence avant le refrain, comme pour le faire exploser (c’est juste un effet, ça n’explose pas du tout rassurez-vous). Remarquez, la mélodie en arpège est exactement la même pour les couplets et le refrain, simplement, ils jouent sur la verticalité du morceau avec la saturation des guitares. Puis reprises des couplets à 1’19’’, cette fois on ajoute le synthé « pour faire briller », et pour essayer de donner une progression au morceau (qui reste toujours le même). Essayez un peu d’imaginer la structure du morceau comme un double entonnoir : =< >=, mais avec un léger déséquilibre vers la fin. Donc, deux couplets, puis re refrain (implacable vous dis-je).

2’15’’, très important, le pont musical. Là on change de tonalité pour faire varier la chose, car l’ado est peut-être con, mais il peut se lasser vite. Alors là Saybia est très malin, puisqu’il va jouer sur les réponses entre le chanteur poseur et les chœurs (écoutez-les bien), de plus, la guitare nous fait une jolie petite reverb’ (ça fait sensible). Puis là, attention, 2’40’’moment très important, solo de guitare. Si jamais vous devez faire écouter votre compo à votre belle, c’est le moment de lui rouler une pelle. Solo de guitare saturée, donc, mais rassurez-vous, même si vous êtes nuls, faites comme Saybia, alignez les même notes, ça passe aussi (en fait c’est le batteur qui fait le solo, en faisant badaboum un peu plus fort). Puis reprise directe à 3’06’’ sur le refrain. Jouez sur la verticale donc, écoutez bien, ils utilisent les chœurs du pont musical. Voilà c’est quasiment terminé. Une fois le refrain terminé, gardez toujours la même mélodie, mais juste à deux guitares (toujours avec l’acoustique pour les bruits de frottements, ça fait sensible !), et répétez la dernière phrase du refrain en laissant votre voix s’érailler pour bien montrer que vous souffrez.

D’excellents ouvriers donc les Saybia. Voilà, vous avez votre morceau pour pécho, et vous savez comment créer un titre pour les gentilles radios. Merci Saybia !

[Top 5] Les génériques de dessins-animés les plus… Rock !

Ah la la, les dessins-animés c’était mieux avant. On nous bassine souvent avec cette connerie de génération Casimir infantilisante (pour ma part, ça serait plus Dorothée), mais il est vrai que quand on jette un coup d’oreille sur ce qu’il se faisait à l’époque, ça avait plus de couilles. Aujourd’hui, à part peut-être le faiblard générique de Extreme Ghostbusters (http://youtube.com/watch?v=wwHD7Y_Duso) on a plus grand chose à se mettre sous la dent (et encore, c’est qu’une cover un peu salie pour faire genre). Voilà pourquoi je vous propose de vous plonger dans vos souvenirs et d’écouter avec vos oreilles d’aujourd’hui ce qui se fait de mieux en matière de générique (et non, désolé, Galaxy Express 999 ne fait pas parti du lot).

Neumbeur Faïve ! Tortues Ninja http://youtube.com/watch?v=x6_xv0m4ahw

Ils ont mis le paquet sur celui-là. Rythmique uptempo, montée des synthés, ça pulse, et ça donne envie de secouer la tête. Ça commence fort avec le gros son de guitare, et on est pris au piège à répéter « Tortues Ninjaaaaaa Tortues Ninjaaaa » en boucle. Le truc qui fait tout, c’est cette petite sonorité japanisante sur « Kawabunga le cri des ninjas », on sent que les mecs se sont éclatés à écrire ce morceau. D’ailleurs, les arrangements de la VF sont beaucoup plus intéressants, car le jeu de basse est davantage présent, avec un côté plus crado, sérieux. La VO est bien plus artificielle, avec sans arrêt des voix ridicules qui balancent des vannes et qui gâchent tout le morceau. Un must.

Neumbeur Faur ! Silverhawks http://youtube.com/watch?v=wF8yrBNWsQg

Je n’ai jamais entendu autant de solos de guitare dans une seule minute pour un générique de dessin-animé. Un couplet, et hop solo ! Dans la série Jean-François Porry, je voudrais le couillu. Chef d’œuvre trop méconnu de son immense carrière de compositeur à succès, le petit Jean-François s’est encore une fois associé au meilleur batteur du monde, Bernard Minet, afin de créer cette ouverture pour un dessin-animé qui le fait bien. Comme à son habitude, Jeff saura dénicher les arrangements les plus parfait sur une rythmique des plus entraînante, en ajoutant ce petit côté blues qui saura réconcilier les plus mélomanes d’entre-vous. Du Jean-Jacques Goldman, mais en mieux. Et puis, rien que pour le pilote du méga vaisseau en forme d’aigle (NdB : j’avais les jouets, je sais de quoi je parle), qui porte le Stetson comme personne, avec sa superbe guitare-électrique-méga-pistolet-laser, c’est la classe.

Neumbeur Fri ! Jem & les Hologrammes http://youtube.com/watch?v=JmYU4CeuZQ0

Souvenez-vous, le dessin-animé le plus glam rock de tous les temps, les pisseuses visual kei n’ont qu’à bien se tenir, Jem & les Hologrammes… Si vous ne connaissez pas, je vous le recommande fortement, ne serait-ce que pour la Bande Originale très réussie. Le générique tape fort lui aussi, je vous ai mis la VO car la chanteuse a la même voix de Kim Wilde. Il est à la hauteur des plus grands tubes des années 80, avec sa basse funky à souhait, son merveilleux de son de caisse claire très reconnaissable, et surtout, ces nappes de synthés bien posées là où il faut, avec des réponses entre les chœurs et la voix principale. Et bam, la référence bien rock, on voit apparaître en plein milieu du générique les ennemies jurées de Jem, j’ai nommé les Misfits (ça s’invente pas), qui avaient par ailleurs des interventions très rock dans le dessin-animé. À côté, les Totally Spies, ce sont des putes à frange.

Neumbeur Tou ! Jayce & les Conquérants de la Lumière http://youtube.com/watch?v=_lLFsuT6K44

Ce générique fait parti d’une série de compositions très réussies pour des génériques de dessins-animés français qui furent utilisés comme outils marketing pour vendre plus de jouets (je pense à M.A.S.K. où Ulysse 31, dont les génériques pourraient très bien faire avoir leur place dans ce Top Faïve, mais ça serait déloyal…), mais bien souvent, et contrairement aux attentes, la qualité de ces dessins-animés étaient au rendez-vous, bien plus que les ventes des jouets. Tout est parfait là-dedans, une tuerie sans nom. L’entrée avec la ligne de basse accompagnant les « spoken words » prophétiques, puis la batterie, et premier couplet avec cet arpège de synthé en escalier dont je suis sûr que Radiohead et Muse ont tout pompé. Pfiou, j’en ai des frissons à chaque fois que j’entends ce refrain, surtout quand le chanteur balance le « Sauve l’univers ! » jubilatoire. Amis paranos, si vous avez la version longue de ce générique, vous m’intéressez .

Énde neumbeur wone ! Transformers http://youtube.com/watch?v=ChlDv74gs18 (Et pour la version longue, c’est là : http://youtube.com/watch?v=3fQ5YBcfhwo )

Attention, c’est du lourd, du très lourd, bien heavy à souhait. Ça sent la testostérone, les longs cheveux blonds bouclés et la veste en jean sans manche effilochée. Ça n’est pas vraiment un générique de série à proprement parler, mais bon, c’est quand même pour un dessin-animé, et c’est tellement réussi qu’on en redemande. Le groupe qui a pondu ce chef d’œuvre s’appelle Lion (là aussi, ça ne s’invente pas), et la bande originale fourmille de pépites en tous genres (The Touch et Dare interprétés par Stan Bush pour ne citer que celles-ci). L’intro à la batterie, la guitare crescendo et bam ! Qui peut se vanter de faire ce genre de musique aujourd’hui pour un dessin animé ?! À huit ans, quand tu vas au ciné pour voir le film de tes héros préférés, et que tu tombes là-dessus, c’est une grosse baffe d’entrée, et tu sautes sur ton siège ! Je vous laisse apprécier la version longue avec un énorme solo de guitare comme on en fait plus (Peut-être les Guns sur There Was a Time, et encore…).

C’est quoi votre top faïve à vous ?

mercredi 24 octobre 2007

[Chronique] The Evpatoria Report – Golevka.

Résumé de l’épisode précédent : non, en fait, relisez ceci

http://chroniquesdebroz.blogspot.com/2007/10/biodcouverte-pourquoi-clint-mansell-est.html

Un mercredi soir, 21h30. Jérémie rentre du basket. En posant ses affaires, il découvre un mot laissé en évidence sur le plan de travail de la cuisine : « Je suis partie à une soirée entre copines, il y a une pizza au congélateur. Bonne soirée poussin ! Bernie ». Un « Yeeeeeeeees ! » jubilatoire se fait retentir dans toutes les pièces de la maison. « Marathon WoW en vue ! ». Pizza enfournée, siège déplié, canette de coca déposée, sachet de Twix éventré, Jérémie était paré à croiser la souris et le clavier avec des trolls pixélisés. Mais il n’était pas au bout de ses surprises…

Lorsqu’il voulu ouvrir une session, quelle ne fut pas sa surprise lorsque son ordinateur lui réclamait maintenant un mot de passe. « Samayr la dinde ! » grommèle notre jeune padawan, « c’quoi c’délire ?! ». Résolu, et légèrement agacé, Jérémie se décide à cliquer sur [Invité]. Nouvelle surprise ! Impossible d’accéder au contenu du pc, une petite boîte s’ouvre dans laquelle s’inscrit en lettres grasses « Restriction Administrateur » à chacun des pauvres clics de Jérémie. Sur le bureau, rien d’autre que des raccourcis vers le navigateur Internet, le gestionnaire de courriels, et un mystérieux fichier texte nommé « Petit guide de survie... ». À la lecture de ce dernier, notre cher ami comprit que ses plans allaient être quelque peu atermoyés.

« Poussin,

Je sais que tu vas pester, mais ce soir, je joue au despote éclairé. Tu sais que je t’aime énormément mais j’en ai marre de ton horrible musique et de ton manque de curiosité. Alors j’ai décidé d’organiser un petit « jeu de pistes » (tu comprendras très vite où je veux en venir), en te faisant apprécier une musique que tu n’as pas l’habitude d’écouter, histoire de voir jusqu’où tu es borné.

Comme tu as pu le remarquer, j’ai volontairement bridé ton ordinateur afin que tu n’aies pas accès au reste du pc ; et ne cherche pas dans tes placards, j’ai aussi caché tes cds dans un endroit de la maison que je te dévoilerai au bout de ce jeu. Ne tente pas non plus de te connecter aux autres sites que ceux que je te donnerai, j’en ai verrouillé les accès… »

« Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! » Jérémie n’en revenait pas. Sa mère était devenue une accros du net et aux nouvelles technologies, de la culture underground, une sorte de néo-hippie qui défend le droit à une autre culture, et pire que tout, elle avait décidé de faire partager tout ça avec son fils.

Ce dernier continue sa lecture. « Ce soir, c’est soirée découverte mon chou. Je t’explique le principe : tu vas aller sur un site que j’ai mis à ta disposition pour écouter un album. Au fur et à mesure que tu avanceras dans l’écoute des pistes (tu commences à comprendre maintenant ?), tu recevras automatiquement des petits mails que j’ai préparé avec beaucoup d’amour t’expliquant pourquoi tu entends telle ou telle choses, l’histoire du groupe, leurs diverses influences, ne serait-ce que pour élargir un tout petit peu ton univers musical aussi fermé qu’une moule enrhumée. En récompense à ce jeu, je te donnerai le mot de passe de ton pc, ainsi que l’endroit où se trouvent tes cds, bon deal non ? L’écoute totale dure un tout petit peu plus d’une heure… je pense que tu y survivras ! Bien sûr, il va s’en dire que si tu sautes une étape, rien de tout cela ne fonctionnera :) ».

Jérémie était maintenant totalement circonspect. « Mais quelle sadique !!! » Il en était réduit à suivre les injonctions de sa mère, chose à laquelle il essayait tant bien que mal d’échapper. Mais là, elle avait frappé fort. Aucun respect pour ses disques de Green Day ou bien ? Mais merde, c’est pas si pourri Good Charlotte ! « Bon, c’est qu’une heure, et après zou, à l’assaut pour niquer ces connards d’elfes ! ».

Il termine sa lecture. « Voici le point de départ de ton voyage Poussin : http://brozev.free.fr .C’est un Radioblog contenant les six pistes de l’album dont je vais te parler pendant cette heure. Commence bien par la première piste, tu recevras le premier mail contenant quelques informations… Bonne écoute Poussin ! ».

Pas le choix, Poussin ouvre donc le navigateur. « Non, mais c’est abusé, j’suis sûr qu’elle me fait flipper avec ces histoires de bridage toussa là. » Jérémie essaye donc quelques adresses Internet au hasard. Systématiquement, il tombe sur une erreur 404. « Samaaaaaaaaayr !!! ». Plus de doute, il fallait suivre les indications… La page se charge, et Jérémie découvre le Radioblog en question. Pas de titre, pas de nom de morceaux, juste « piste 1 », « piste 2 » etc. Maman Poussin complique la donne ! Jérémie lance alors la première piste. Des sons sourds, graves s’échappent de ses enceintes. Des guitares s’étirent pour créer un espace nouveau, comme si une dimension venait de s’ouvrir dans la pièce. Une petite icône clignotte en bas de l’écran, le premier mail vient d’arriver.

« De : bernadetteinthesky@gmail.com À : d4rks1d3f0r3st@hotmail.fr

objet : Piste 1, le départ « Prognoz »

Voilà Poussin, bienvenue au début de ce voyage. La première piste que tu écoutes s’intitule Prognoz. Elle est extraite de l’album Golevka du quintet rock suisse The Evpatoria Report, sorti en 2005. Tu as sans doute dû remarquer que la musique prend son temps, que les mélodies ont d’abord laissé place à une certaine ambiance, et que surtout, il n’y a pas de chanteur qui braille des poncifs aussi lourds qu’une recette de Maïté. C’est ce qu’on appelle du Post Rock. Quel drôle de nom tu me diras, mais peu importe. Écoute ce qui sort de tes enceintes. Lentement, les guitares deviennent de plus en plus intenses. Une rythmique lancinante s’installe et te berce.

Et à 3’37’’ c’est l’explosion, comme si tu venais d’entrer dans une supernova. Tu sens les brûlures de la batterie et des guitares déferler, et tu es déjà très loin. Puis revient le calme, comme si l’espace sidéral s’ouvrait enfin à toi. Tu te laisses guider par ce violon qui fait écho à ce cataclysme.

5’52’’, la guitare revient et tu te balances sur la valse de cet arpège. C’est trop tard, tu es surpris à hocher la tête comme un autiste, mais tu es bien dans ce nouveau monde qui s’offre à toi. Tout s’enchaîne, la batterie t’enfonce encore un peu plus loin dans cette danse à trois temps. Jusqu’à la nouvelle supernova.

10’25’’, savoure cet instant, jusqu’à la dernière note. C’est bon n’est-ce pas ? Je te laisse, jusqu’au prochain mail… »

Les doutes de Jérémie se sont dissipés ; Bernadette était peut-être étrange, mais elle avait de bonnes idées parfois. Ça n’était plus une simple écoute, mais une grosse baffe dans la gueule de toute sa culture musicale, il ne comprenait pas vraiment que l’on puisse construire de musique ainsi. Il avait trouvé ça long au début, intriguant par la suite et maintenant, il était dans l’expectative du prochain mail. L’envie d’en savoir un peu plus sur le groupe le démangeait, presque autant que la frustration de ne pas pouvoir se servir de son ordinateur. Le son sourd à la fin de Prognoz, et Jérémie se rend à peine compte qu’il est déjà sur la piste deux.

Des bruits et des voix issue d’une communication spatiale se font entendre. Ça ne fait que confirmer les impressions déjà très présentes de Jérémie. Cela confère à cette musique une dimension très cinématographique, comme si une navette dérivait dans le vide, mais sans aucune crainte, sachant pertinemment qu’il n’y aura pas de fin tragique. Et les guitares et le violon appellent à cette lueur d’espoir. Clignotement, Jérémie clique sur le nouveau message.

« De : bernadetteinthesky@gmail.com À : d4rks1d3f0r3st@hotmail.fr

objet : Piste 2, toujours plus « Taijin Kyofusho »

Je sais à quoi tu penses, je te l’avais dit ! Un véritable voyage interstellaire ! Savais-tu que Evpatoria est une ville d’Ukraine dans laquelle se trouve un observatoire de vie extraterrestre ? Pendant que tu apprécies cette deuxième plage, je m’en vais t’en dire un peu plus sur le groupe dont il est question. The Evpatoria Report donc, formation helvète composée de cinq membres : deux guitares, une basse, une batterie, et un clavieriste/violoniste. Ils ont déjà sorti en 2003 un EP contenant deux pistes (Naptalan et Voskhod Project que tu peux télécharger ici : http://www.the-evpatoria-report.net/sounds.html ) déjà très prometteuses. En 2005 sort leur premier album, que tu es actuellement en train d’écouter, intitulé Golevka, et publié chez Shayo Records. Ils leur arrivent parfois de partager la même scène avec des groupes comme Mono (très proche de Mogwai, un peu trop même), ou les Red Sparrowes. Comment pourrais-je définir cette musique ? Je te parlais de Post Rock tout à l’heure, qui pourrait se définir comme un rock privilégiant l’émotion et l’atmosphère générale plutôt qu’à un étalage de démonstration technique, ou à de l’onanisme du secouage de manches en tout genre ! Non, ici on prend son temps, on laisse se développer les paysages, ou chaque piste est comme une nouvelle planète à explorer. Je pense à des groupes comme Godspeed You ! Black Emperor, Mogwai, et Explosions in the Sky que je te recommande fortement. Mais aussi des moins connus comme Yndi Halda, Tristeza, ou Sebastien Schuller dont je te parlerai certainement un jour, ou alors que tu découvriras par toi-même ! La plupart de ces gens puisent leur inspiration dans une musique proche d’une construction classique, permettant à chaque atmosphère de se développer pour créer davantage de complicité avec l’auditeur, et le transporter dans des paysages dont lui-seul pourrait en dépeindre les couleurs. Mais reprenons là où nous en étions…

2’35’’, la batterie fait son entrée, tu es pris dans l’attraction de cette nouvelle planète, et au lieu de descendre comme cela serait logique, tu montes, tu montes… 5’25’’, ce petit riff intriguant t’emmènes dans des chemins tortueux, toujours vers cette pente ascendante, jusqu’au point de non-rupture… Bon voyage poussin ! »

Poussin est parti loin maintenant, et il ne reviendra pas de si-tôt. Tout au long de ses lectures, il vogue sur le web au gré des différentes pistes, allant de sites en sites (notamment myspace.com/theevpatoriareport, ou encore ceux des groupes cités par sa mère) tout en continuant son exploration interstellaire. Les pistes s’enchaînent, ainsi que les mails. Bernadette continue de décrire avec amour ces différentes planètes que composent le système Golevka. La troisième piste, Cosmic Call, est comme son nom l’indique un appel à l’harmonisation et à la communion avec cette douce mélancolie qui anime les vides les plus latents, mais toujours teintés d’une douce lumière, comme une aube sans fin. Puis C.C.S. Logbook, un peu plus enlevé. C’est véritablement les guitares et la batterie qui s’imposent, pour inviter à un voyage mouvementé dont la fin abrupte laisse supposer comme une volonté de ne pas résoudre cette tension qui anime parfois les conflits entre instruments, chose qui finalement révèle l’intérêt de se plonger à nouveau dans une introspection, afin de continuer le voyage. Ce que fait parfaitement Optimal Region Selector, nous faisant partager cette ambivalence entre violence et déchirements, onirisme et volupté. Puis vient le sixième et dernier mail, Jérémie clique fébrilement sur l’enveloppe.

« De : bernadetteinthesky@gmail.com À : d4rks1d3f0r3st@hotmail.fr

objet : Piste 6, l’apothéose « Dipole Experiment »

Nous voilà arrivé à la fin de notre voyage Poussin. Comme si le quintet rock ne suffisait pas à exprimer l’entièreté de leurs possibilités émotives, ils leur arrivent de collaborer avec des ensembles tels que L’Orchestre de Ribaupierre ou l’Union Chorale de Vevey. Je te laisse imaginer ce que ce mélange peut donner. Nous ne sommes plus du tout dans le rock, mais dans une composition pour un orchestre ou les guitares appuient les chœurs, les cordes répondent aux passages électroniques/ambiants et où la batterie donne la profondeur d’une composition implacable. Je te laisse savourer cette dernière piste Poussin, car je sais que tu l’écouteras jusqu’au bout. Était-ce si horrible ? J’en doute, sinon tu aurais passé la soirée à chercher tes cds dans toute la maison. Oh, pendant que j’y pense, ils sont dans le garage, derrière les poubelles, que je te demanderai de bien vouloir sortir en passant :). Comme tu as été sage, voici le mot de passe de ton ordinateur : p0u551n, tout simplement, ah ah ! Je ne rentrerai pas avant demain matin, bonne nuit ! »

Jérémie ne lisait plus, il était parti sur sa nouvelle planète. Malgré ses côtés un peu rustre, il n’était pas insensible à certaine chose, et le cadeau de Bernadette ce soir avait fait mouche. Il était résolu à ne plus rester indifférent à sa curiosité, et avait déjà lui aussi quelques projets en tête.

À suivre…

jeudi 11 octobre 2007

[Rock on Lille] Curry & Coco "Put on your dancing shoes !"

Imaginez un coucher de soleil sur une plage de sable fin sous les tropiques asiatiques, des palmiers, des vahinés qui viennent vous servir votre péket du soir, et vous, savourant pleinement cet instant de calme et de volupté. Et bien Curry and Coco, c’est pas du tout ça. Dans la famille Uncle Fabrik (maison de management s’occupant aussi de groupes locaux tels que les Lena Deluxe, ou de Birthday Pony, entre autres), je demande les plus barrés ! Si tu aimes les petits shorts jaunes, les ambiances sucrées acides high tempo, bouger les pieds sur le dancefloor mieux que Bernard Menez, alors continue de bouger tes yeux de gauche à droite comme tu le fais avec amour jusqu’à maintenant.

D’emblée, ces deux charmants trublions donnent le ton (et le ton, c’est bon). D’un ego surdimensionné surgit la galette « They said "who's next ?" … we say : "us" !», et oui, c’est bien une référence au psycho déjanté album des Who que le duo fait, s’inscrivant dans la suite logique d’un rock sous acide dont les pionniers entamaient déjà l’aventure en 1971 (sic !). t pourtant, point de guitare, car en fait, ils n’en ont pas besoin , et c’est tant mieux car ils perdraient en originalité et en spontanéité. Mais une petite présentation s’impose, avant d’entrer dans le vif de leur cuisine. Coco, c’est le blond en mini short jaune sur son synthé analogique dont le son est tout droit sorti d’une BO de Pierre Richard qui aurait mis le mode 45 tours, et dont la voix sur-aiguë et légèrement éraillée donne également envie de crier comme un putois sur les gimmicks jubilatoires de leurs compositions. Et Curry, ben c’est l’autre, le grand brun barbu qui tape comme un poney sur sa batterie vintage. De temps à autre, en live, il chante aussi, mais c’est plus anecdotique.

Ce mélange détonnant prend toute son ampleur dès la première écoute. En effet, les guitares rangées au placard, c’est le clavier bizarre qui se voit octroyer le rôle de groovebox, de soliste, et d’accompagnement, ce qui n’est pas une mince affaire, mais le petit Coco s’en sort fichtrement bien ! Ça groove, ça paf, ça wizz, ça pétille, ça paillette, et ça décapsule ta bière plus vite que toi, mais en pire ! « Day of May » démarre comme un bon vieux morceaux des seventies, une intro grandiloquente, s’enchaînant rapidement de passages mêlant glockenspiele et caisse claire. Puis tout s’accélère, et se mélange, on se croirait dans un morceau sorti tout droit de Lucile, Amour & Rock N’ Roll (N.d.B. : faudrait que je fasse une propa un jour sur Tristan et consorts)… « Radio Hit » est, comme son nom l’indique, tout sauf du standard pré-mâché pour midinettes en manque de sensations fortes. Le clavier sonne comme une guitare heavy, et la batterie donne directement envie de lever son popotin et de suivre les injonctions d’un Coco en transe, ça grimpe, la sauce prend vite, et on reste un peu sur sa faim, vivement l’album (prévu pour début 2008) !

Et c’est en live que le groupe prend toute son ampleur. Vous invitant dans la danse, les deux loustiques ne manquent pas d’humour, et ça aussi, c’est bien. Curry, levant ses baguettes vers la foule, Coco qui n’en peut plus et se déchaîne sur son petit synthé à la puissance insoupçonnée… Bref, Curry and Coco, c’est une cuillérée du fun, un zest de wizz psychédélique vintagement drolatique, et un peu barré sur les bords, une bonne pincée de rock seventies, et un chouia de punch. Vous en reprendrez une petite louche ?

http://myspace.com/curryandcoco

[Rock on Lille] Gomm, guitares synthético-vintage.

À l’instar d’une icône glam-pop qui criait à qui voulait bien l’entendre que « c’est un peu collant sur le coup, (mais) le colorant met du goût », la Gomm que je m’en vais vous présenter aurait plutôt tendance à te soulever les pieds du sol, et à te donner envie de remuer des genoux, tel un Forest Gump en pleine crise de croissance.

Et pour cause, ce groupe lillois, formé à la fin des nonanties, s’inscrit dans une tradition punk-rock énergique, tout en flirtant avec l’electro et la pop, où les guitares viennent flirter avec de bons gros vieux synthés analogiques (d’où le titre de la propa !), où les voix s’appellent et se répondent, et où la rigueur des constructions hypnotiques des morceaux n’a d’égale que la synergie développée par les musiciens. Gomm, c’est un acronyme bien glucose : Guillaume aux claviers, Olivier à la batterie, Marie au chant (rhaa lovely !), et Mathieu à la guitare. Tout ce beau monde dégage une énergie incroyable sur scène, et c’est ainsi qu’ils se font leurs premières armes.

C’est en tournant un peu partout dans la région, mais surtout en se faisant remarquer hors de celle-ci que Gomm commence à se faire un nom. 2002, le groupe sort son premier EP autoproduit intitulé « Break Machine », contenant quelques titres comme « I Need » ou « Break Machine » qui définissent déjà la marque de fabrique du groupe. Par ailleurs, l’identité visuelle du groupe est déjà assurée par King Moka (qui réalisera les visuels de tous leurs albums, ainsi que du site internet), qui s’inspire fortement d’une ambiance vintage, mêlant collages de vieilles photos et design hype contemporain. Les expériences scéniques s’enchaînent (premières parties de nombreux groupes tels que Venus, Girls in Hawaii, ou encore Nada Surf, festival de Dour en 2002), et permet au groupe d’enregistrer son premier LP en 2004 intitulé « Destroyed To Perfection ». L’ambiance scénique du groupe est pleinement retranscrite dans ce premier disque de onze titres, dont l’urgence des riffs rock implacables et la spontanéité des prises de sons font de ce disque une véritable bombe dans le paysage rock français.

Performances scéniques et contacts avec le public vont crescendo. De la première partie de Placebo à Arras pour le Main Square Festival en juin 2004 à la tournée des Forums FNAC, Gomm confirme son charisme et son assurance auprès du public, dont l’intérêt ne fait que croître. Le groupe continue son petit bout de chemin, signant en 2005 chez Pias et cherchant à expérimenter davantage les sons, et début 2006, ils entrent en studio pour enregistrer leur nouvel opus. La plupart des prises de sons se font avec les quatre musiciens ensemble, et c’est naturellement que le titre de l’album « 4 » est trouvé. Gomm va encore plus loin dans la conceptualisation et l’expérimentation de leur démarche : hyptnotiques rythmiques, compactes, claviers et guitares à l’image des voix masculines et féminines, s’entrechoquant, parfois se caressant pour mieux s’envoler ou se disputer. Bref, Gomm se singularise davantage en refusant les compromis, s’inscrivant dans la durée comme l’un des groupes les plus ambitieux et les plus décoiffants de la décennie (je pèse mes mots !).

Traditionnelles lianes :

http://gomm.free.fr/ (site officiel, avec quelques titres en téléchargement gratuit)
http://www.myspace.com/myspacegomm (comme son nom l’indique, n’est-ce pas)

[Classic Album] Hawkwind – Hall of the Mountain Grill.

Groupe : Hawkwind
Album : Hall of the Mountain Grill
Année : 1974
Label : United Artists Records
Genre : Space Rock

Tracklist :
Face A :
The Psychedelic Warlords (Disappear in Smoke)
Wind of Change
D-Rider
Web Weaver
Face B :
You'd Better Believe It
Hall of the Mountain Grill
Lost Johnny
Goat Willow
Paradox

Il est des albums qui sont souvent passés inaperçus au fil du temps, mais qui laissent une trace dans l’inconscient collectif, et dans l’inspiration des musiciens contemporains. Hawkwind en fait parti.

À la manière d’un Pink Floyd, Hawkwind s’engouffre dans les chemins d’un psychédélisme assumé, jouant à fond la carte des expérimentations entre renouvellement du genre folk, et gros son rock truffé d’électronique. La production de cet album est des plus réussies, car sur une forme très novatrice, on retrouve une composition très ancrée dans une certaine tradition blues, d’impros enregistrées, puis retravaillées à la sauce synthés. Ce disque est un voyage initiatique vers des contrées étranges et inconnues, comme protégé dans un doux cocon transparent, qui nous donnerait la possibilité d’envisager une expérience mystique unique, où chaque plage serait un nouveau lieu, dont on en ressortirait que transformé, recomposé qu’à la fin du disque.

Rien que pour vous mettre l’eau à la bouche (et ne pas vous gâcher la surprise, pour ceux qui ne connaîtraient pas), je vais vous « raconter » le premier morceau.
Ça commence fort avec « The Psychedelic Warlords (Disappear in Smoke) ». Dès l’intro, on sait qu’on partira loin : un véritable décollage de soucoupe volante, carburant aux nappes de synthés avec la disto à fond et aux doux riffs gibsoniens. Le style est donné. Le chant de Dave Brock nous entraîne avec lui dans son sillage, on a les pieds très très loin du plancher des vaches. On entre en stratosphère, d’ailleurs un solo de saxo nous fait coucou au loin, comme pour nous souhaiter un bon voyage. Le morceau se termine sur un riff avec de la disto à fond, mixée à de la voix, le tout sur un fond de charlé qui n’est pas sans rappeler la BO de Shaft (la série TV hein), über funky, et bien psyché aussi. Et ça monte, ça monte, ça gronde, et là, on est sur Jupiter. Merci monsieur Kubrick !

Pour le reste, à vous de l’écouter ; imaginez simplement que vous êtes dans l’espace, à une vitesse incroyable, qu’il vous arrive parfois de rencontrer des lutins égarés de planètes celtiques, des loups esseulés sur des satellites artificiels, des nuées de méduses volantes au milieu de champs d’astéroïde, et tout ça, en parfaite légalité.

Lianes :
http://www.hawkwind.com
http://www.starfarer.net/hwalbums.html
http://www.myspace.com/hawkwindofficial

[Bio/Découverte] Pourquoi Clint Mansell est un type bien ?

Parce qu’un soir de torpeur et de mélancolie, Bernadette, ne trouvant pas le sommeil après une énième journée de labeur, regardait encore une rediffusion de Vis Ma Vie dont le sujet était une strip-teaseuse se mettant à la place d’une mère au foyer. Comble du suspens, la jolie Amy était complètement désemparée lorsqu’il s’agissait de changer la couche du petit Antoine, la voix-off prenant alors un ton dramatique, et la musique se fut plus intense.

Parce que cette mélodie captivante accrocha son oreille, Bernadette était maintenant bien réveillée, et écoutait attentivement la montée de cordes, ponctuée d’une rythmique étrange, ressemblant à une machine d’usine en mouvement… Elle ne regardait plus du tout l’émission, et attendait patiemment le générique de fin afin de connaître le nom de la musique qui la sorti des brumes aliénantes TééFfunèstes. « Clint Mansell – Lux Aerterna ».

Parce que s’en suit un cercle vertueux. Bernadette ne peut résister à la sensation d’en connaître plus, d’en écouter plus. Elle décide de squatter le pc de Jérémie, espérant trouver davantage d’information sur ce mystérieux Clint Mansell, elle qui ne connaît finalement peu de choses à la musique si ce n’est quelques airs classiques qu’elle écoutait dans son enfance, les Pink Floyds dans sa période ado, et subissant les goûts de son mari Roger, tiraillés entre Johnny et Michel Sardou.

Parce qu’elle y apprend que Clint Mansell est né le 7 Janvier 1963, à Coventry en Angleterre. Qu’il est avant tout un compositeur de musiques de films. Que sa carrière a explosé avec le long métrage Requiem for a Dream en 2000, dont le morceau Lux Aeterna fut utilisé un peu partout dans des films, des séries, des émissions télé (dont celle qu’elle regardé encore il y a peu, mais qu’elle trouve bien fade maintenant…) tant la puissance et le lyrisme de la mélodie exprimaient pleinement les émotions qui surgissent de dedans la lucarne (ou de la toile, car c’est décidé, maintenant, Bernadette ira au cinéma). Que sa collaboration avec Darren Aronofski ne s’arrête pas là, puisqu’il composa également les musiques des films π en 1998, et The Fountain en 2006. Qu’il a aussi écrit les bandes originales, entre autres, de The Hole (2001), Doom (2005) (le jeu préféré de Jérémie, ça tombe bien !) et de Smokin’ Aces qui sortira cette année au cinéma.

Parce qu’avant ça, Clint était un peu comme Bernadette, une sorte de rebelle. Il faisait de la musique punk-rock-indus-avant-gardiste dans un groupe qui s’appelait Pop Will Eat Itself, qui connu son petit succès dans les années 80. Qu’il est toujours un rebelle dans l’âme, comme Bernadette, puisqu’il a fondé le label Vive La Revolucion! une sorte de contre-attaque à l’industrialisation massive de la musique et d’«art-terroriste » permettant de diffuser sa propre musique via des pressages limités de vinyles, rendant une part de valeur à la création musicale.

Parce que Clint écoute en boucle des musiques qui lui rappellent son adolescence, (Mogwai, avec qui il a travaillé sur la BO de The Fountain avec Kronos Quartet, et avec un nom pareil, c’est forcément super mignon ! Godspeed You ! Black Emperor, Sigur Ros, et M83, entre autres…) et que ça titille davantage sa curiosité, et que du coup, ça l’amène à reconsidérer sa propre envie de découvrir des choses ! C’est bon, Bernadette passera faire un tour à la FNAC et au vidéo club dès lundi soir, après le boulot. Bernadette pense qu’il n’est pas trop tard pour se faire un petit jardin secret culturel, d’autant plus qu’il y a encore tant à connaître…

Parce que Clint Mansell est un type bien.
Quelques lianes :

http://www.clintmansell.com/ <- Site Web officiel de Clint Mansell.
http://www.myspace.com/mansellclint <- Comme son nom l’indique.
http://www.myspace.com/themusicofclintmansell <- Encore un.
http://www.myspace.com/vivelarevolucionrecords <- MySpace de son label ambitieux.